La patate douce, un « OGM naturel » ?

Agrobacterium rhizogenes et Agrobacterium tumefaciens sont des bactéries phytopathogènes capables de transférer des fragments d'ADN (ADN de transfert, T-DNA) portant des gènes fonctionnels dans le génome de la plante hôte. Ce mécanisme naturel a été adapté par les chercheurs pour développer des cultures génétiquement modifiées.

Sweet potato

 

La patate douce (Ipomoea batatas [L.] Lam.) est l'une des plus anciennes cultures domestiquées des Amériques, avec des vestiges archéologiques provenant des grottes du canyon de Colca, au Pérou, datant de 8 000 à 10 000 ans (1). Cependant la patate douce comporte deux séquences d'ADN de transfert (ADN-T) dans son génome (2) comportant 4 respectivement 5 gènes fonctionnels et exprimées dans différents tissus de la plante. De ce fait la patate douce peut être considérée comme un organisme génétiquement modifié naturel largement et traditionnellement consommée. 

 

Il est plutôt remarquable que parmi 291 variétés de patates douces testées, toutes contiennent une ou plusieurs séquences d'ADN de transfert. Ces séquences, qui sont exprimées dans une variété de la patate douce (« Huachano »), suggèrent qu'une infection par Agrobacterium a eu lieu au cours de l'évolution de cette plante. L'un des ADN-T est apparemment présent dans tous les clones de patate douce cultivés, mais pas chez les parents sauvages étroitement liés, ce qui suggère que l'ADN-T a fourni un trait ou des traits qui ont été sélectionnés pour la domestication. 

Références
  1. Woolfe JA (2008) Sweet potato: an untapped food resource (Cambridge University Press, Cambridge) p xv + 643 pp.
  2. Kyndt T, et al. (2015) The genome of cultivated sweet potato contains Agrobacterium T-DNAs with expressed genes: An example of a naturally transgenic food crop. Proc Natl Acad Sci U S A 112(18):5844-5849.

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